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Interview

SIGNATURE ILY JOSSUAH WEIL AUTEUR

Comment est né chez vous le désir d'écrire ?

J'en ai un souvenir très précis. J'étais en CM2. Cette année-là, je me suis cassé la jambe. Je ne pouvais plus aller à l'école et toute la journée j'étais allongé. J'avais donc beaucoup de temps libre et c'est très naturellement que j'ai pris un cahier et un crayon à papier pour écrire. 

Comme beaucoup de gamins, j'ai commencé par écrire des poèmes - le premier était sur l'hiver -, un autre était sur l'amitié... Pendant plusieurs années, d'ailleurs j'ai écrit des poèmes. Et puis, j'ai eu ma période aphorismes, nouvelles. J'écrivais partout, sur des feuilles volantes, des tickets de métro, des coins de livres etc. J'adorais par dessus-tout avoir des idées, poser les premiers jalons d'un livre, d'un dessin animé... et puis enchaîner et ainsi de suite.

Quels auteurs vous ont influencé ?

Je ne sais pas si l'on peut parler d'influence. En revanche, des auteurs m'ont ouvert l'esprit, m'ont imprégné de la beauté et de la force de leurs récits et/ou de leur humour. Jack London, Schalom Asch, Groucho Marx, Daniel Pennac,

PG Wodehouse, Camus, Tournier par exemple. A des moments de ma vie, ils ont tous été importants.

Et quel livre vous a marqué ?

Je vais peut-être vous étonner, mais je n'ai jamais été un gros lecteur. Enfant, surtout, j'avais toujours du mal à rentrer dans un livre si les premières pages ne me"prenaient" pas immédiatement (c'est d'ailleurs toujours le cas).

J'avais un oncle qui était libraire. Un jour - j'avais 12/13 ans - ma mère qui voulait absolument que je lise plus de livres "normaux" donc moins de bandes dessinées lui explique mon "problème". Qu'à cela ne tienne, le voilà qui part directement chercher un livre dans un rayon. De retour, il me dit "Lis ce livre et si tu ne l'aimes pas, ne lis plus jamais de ta vie". C'était "Martin Eden" de Jack London. Je l'ai commencé, je l'ai lu deux fois de suite tellement ce livre m'a ébloui et montré ce que pouvait être l'écriture, la narration, la profondeur et l'impact produit par des mots couchés. L'attachement à une histoire, à des personnages.

"Hava"est votre premier roman. Comment vous est venu l'idée du livre ?

Après avoir travaillé pour la radio, pour la télévision, après avoir créé des émissions de télé, réalisé des reportages, des documentaires, j'avais un grand besoin de sens, de m'atteler à un projet personnel ambitieux qui me motive. Comme toujours, un jour, la graine de l'idée a germé. Je travaillais pour la télévision chinoise et je ne sais pas pourquoi je me suis posé la question "Y a-t-il des juifs en Chine ?". Pourquoi ? Je n'en sais rien (rires). En répondant à cette question, j'ai découvert un évènement historique que j'ignorais, l'émigration de juifs à Shanghai durant la seconde guerre mondiale. Ce qui m'a tout de suite plu, c'était la possibilité d'aborder sous un angle différent un sujet malheureusement classique comme la deuxième guerre mondiale. C'est ce que j'aime, faire un pas de côté pour apporter un nouvel éclairage qui permet souvent d'aider à mieux comprendre. C'est plutôt naturel chez moi cette manière de voir les choses.

Je me suis donc lancé dans des recherches et plus j'avançais plus le livre se construisait comme une évidence. L'idée a donc très vite été d'utiliser l'évènement historique comme décor et d'y superposer des personnages.

Vous êtes un auteur "homme". Pourquoi avoir choisi une "femme" comme personnage principal ?

Parce que c'est notre avenir ! Notre avenir pour apporter une autre approche pour la bonne marche d'un monde qui doit se réinventer. A partir du moment où elle ne se masculinise pas, qu'elle garde intact ses qualités intrinsèques. Et puis, malheureusement, les femmes sont sous-représentées, j'avais donc très envie de les mettre en avant. Je peux dire que c'était même une évidence de prendre une femme comme personnage principal. Mon souhait était d'écrire un "beau rôle" de femme tout simplement. J'espère y être parvenu.

Vous parlez de "beau rôle", c'est plutôt une expression utilisée au cinéma. Ce n'est probablement pas un hasard puisque lorsque l'on vous lit, les images nous viennent immédiatement. Quelle est la place du cinéma dans votre vie d'auteur ?

L'image depuis mon plus jeune âge m'a toujours accompagné. D'abord, avec la télévision. On peut même dire que j'ai été élevé par la télévision (rires) et que j'en ai vu des images... Après, il y a la radio. Quel outil merveilleux. Il donne des images plein la tête... C'est l'une des plus belles fabriques à images qui soit. Et puis, évidemment, il y a le cinéma. Pendant des années, j'en mangeais. Je voyais quatre films par semaine, je lisais tout sur le cinéma, conseillais à qui voulait le film qu'il fallait voir ou ne pas voir. Alors oui, j'aime le cinéma, j'aime l'image. Lorsque j'écris, j'ai des images dans ma tête en permanence. Je n'ai plus qu'à les traduire en mots....

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Et puis, il y a le rythme...

Le rythme vient de mes années radio. Ecrire pour la radio oblige à avoir un rythme dans l'écriture indépendamment de la manière de parler, de parler en écrivant. Je continue de le faire lorsque j'écris. C'est une seconde nature.  

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